LAUREAT DU GRAND PRIX INTERNATIONAL DE LA PHOTOGRAPHIE DE LA VIGNE ET DU VIN 2013 TERROIR D’IMAGES

 

Je suis le lauréat du Grand Prix International de la photographie Terroir d’images 2013, catégorie amateur!

Ma photo c’est : « Les amoureux de Fleurie »

Je suis plus qu’heureux d’avoir gagné ce prix! Des bonnes nouvelles en ces temps de crise remontent le moral des troupes!

Un grand merci donc au jury qui m’a sélectionné! Et surtout merci à mes amis Jean-Jacques et Morgane qui sont les vedettes de cette photo! Je tiens à dire d’ailleurs que je suis très heureux d’avoir fait les photos de leur mariage et que j’ai hâte de faire les portraits de leurs bébés! L’amour triomphe toujours!

 

 

Je m’étais interdit de représenter ou de dédicacer des évènements ou des succès.. Mais j’aimerais bien dédier cette photo au Beaujolais et à toutes les familles de vignerons, ou d’ex vignerons… ou à ceux qui touchent de près ou de loin au Beaujolais.

 

 

J’aimerais bien aussi la dédier à Lucien Sclenard, à Paul Mathieu, à mon « Chinois », au Pirame, à Lulu Thibaudet, à Maurice, au p’ti Louis, au père Gonnachon, à la Jeanine, à Slimane, à Sahada, aux frères Hilser, à Tomek, à Beata, à Artek, à Waldek, à Guy dit « guitare ou guitoune », à l’Indien, aux Meziane, à Marek, à Ula, à la Marie, à Bruno le Corse, à Isa, au Laurent, à Bouganet, à Laurent et Céline, à Forissier, à Chervet, à Desmonceaux, aux Jacquet (grand père, père et fils), à mes profs de français, au p’ti Nicolas, au Dédé Delatre ( le cow boy de Vaise), à la team Bulgare, à Papa Bréchard, à David Barth, à mes amis valentinois, au Didier, à Gaillard, aux légendes du terroir, à Mémé, à mon père, à ma mère, à Chrys, à Sarah, à Ludwina et nos vélos usés, à Noémie, à Joachim et nos tours en scooter puis en Ford Fiesta sponsorisés par le Bowling, le Mc Do Géant casino Villefranche et à nos manettes de Ps2. Je la dédie à Gentiane, cette fille que j’ai vue, plus vue, revue, plus revue, rerevue, rererereséduite, plus revue…. et enfin épousée! Parce que le vin, c’est comme l’amour et la photo… Il faut être prêt à tout perdre car c’est là où on est les meilleurs, ça ne marche pas toujours du premier coup mais il faut tenir le coup et bien écouter l’ ciel.

Je la dédie à ce Beaujolais qui me soutient et qui croit en moi, je la dédie à l’autre connard de Beaujolais pas assez tradi pour être classe et trop beauf pour être classique.

Je la dédie à tous mes parigots qui aiment se j’ter un bon beaujolpif Porte de Clignancourt, à la Défense ou à la Bastille. A tous les Japonais et autres internationaux qui kiffent le vrai Beaujolais. Je la dédie à tous les futurs mariés, aux amoureux, aux amourettes… du Beaujolais et d’ailleurs, mais du Beaujolais d’abord!

En souvenir des « Tu veux boire un jus? » de ma grand-mère, et des « On va se boire un bol? » à Jacky. Parce que là d’où je viens, là où j’ai fait cette photo, là où j’ai fait mes classes, on met des « Y » dans les phrases du genre « Laisse je vais y faire » ou plus connue « Si t’es pas content t’as qu’à y faire ». Je viens du Beaujolais… Ouais ouais du Beaujolais! Mais pas de celui qui fait rire les ignorants qui se cachent derrière 3 mots savants, pas de celui qui fait rire les snobs ou ceux qui jouent les riches mais qui n’ont pas le sous… Nan nan..

Je viens du Beaujolais noble.

Celui qui revendique et qui ne courbe pas l’échine, celui qui a les mains noires de crasse, de crasse noble, celle du travail bien fait. De ce Beaujolais qui ne juge pas même si t’as  du sang sur les mains, mais qui a toujours un casse-croûte à offrir, ce Beaujolais qui n’hurle pas avec les loups, celui qui ne s’arrête jamais, celui qui est presque prêt à offrir un coup au pire ennemi du dernier bal. Je viens de ce Beaujolais qui met des costards trop courts lors des enterrements ou légèrement trop longs lors des conscrits. Tiens justement, de ce Beaujolais où les conscrits bloquent la ville, foutent le bordel, s’embrassent, s’entrelacent, deviennent frères et soeurs de coeur, font ronfler les bagnoles vertes sans pot d’échappement (ou pot des jappements quand les mamans gueulent que ça fait trop de bruit). Je viens du Beaujolais qui finit toujours son assiette, même quand la mamie te resserre de force une 4ème fois. Je viens du Beaujolais qui a son propre style de maisons, les pieds dans les terres dorées et la tête coiffée du Roi des Rois, pas que moulin à paroles mais aussi Moulin à vent. Je viens de ce Beaujolais aux biceps de bûcherons et à la rancune en carton. De ce Beaujolais qui reste fier même dans la douleur, le deuil, les épreuves et devant les banquiers. Je viens de ce Beaujolais qui se planque pour pleurer, qui ment pour protéger,  qui ne sait pas dire je t’aime puisqu’on ne lui a pas montrer comment fallait faire. Je viens de ce Beaujolais qui sent la fleur au mois de mai et encore la fleur en novembre et encore encore la fleur 13 ans après.

Si si un beaujolais ça se garde, sinon c’est qu’on t’a mal éduqué. Et le gamay quand ça vieillit ça pinote! T’iras l’ dire de ma part à ta mère tiens.

Mes photos sont « Noir et blanc ». Parce que je trouve ça plus intime et parce que mes photos sont ma thérapie… Ma thérapie de quoi? Je ne sais pas.

Le Beaujolais que j’ai connu enfant a presque disparu. Nan nan faites pas les gnangnans, je n’aime pas vraiment les nostalgiques mais j’évite de faire le bilan. Quoi qu’en disent certains, dans mon bled on était 24 professionnels… on est 5 et demie dorénavant et encore je ne me considère pas comme un pro car je n’ai encore rien fait. Je ne suis qu’un reporter avec son appareil photo.. Je n’ai aucune leçon à donner. J’espère faire le maximum de souvenirs, immortaliser des trucs qui changeront ou qui disparaitront.  Des fois mon Beaujolais je le vois comme un héros à la Gédéon dans « Juges 6.11 » de l’ancien testament, et des fois je le vois comme  la ville de Detroit…Bon t’as qu’à regarder l’actualité pour Detroit.

Si j’avais pu faire des portraits de certaines personnes que j’ai cité plus haut.. Le temps passe… Tout passe… Je ne suis pas du Beaujolais qui pleurniche, nan nan.. On n’a pas appris à ma génération à revendiquer, à gueuler,  à descendre dans la rue c’est pour ça que tout part en vrille mon p’ti Loup. On a pas encore assez faim, ceux qui réussissent ont faim, nous, on a pas encore assez faim.. Mais les gènes des vieux guerriers s’agitent et si tu entends hurler la nuit, c’est pas les fantômes du passé, c’est surement la Jacqueline qui a reçu ses cotisations sociales ou peut-être le Pierrot qui s’est fait sauter le caisson.

Attirer les investisseurs n’est pas une bonne chose, non non. Si jamais il y a des spéculateurs, en tant que jeune je n’aurai plus aucune chance d’investir et rappelez vous qu’un spéculateur se fout du terroir, le jeu n’est que d’acheter à ras les pâquerettes et de revendre au taquet. Tout le monde doit pouvoir avoir un bout du gâteau, du plus petit au plus gros.. Il y a de la place pour tout le monde. « Nan mais Large t’es un connard, tu t’es cru en animation de loisir sportif pour ados prépubères ou quoi? Ici c’est la vraie vie, confond pas investisseurs et spéculateurs.. et à 110000 euros l’hectare, te plains pas, ça reste encore accessible pour les jeunes. »

Oui mais comment je fais pour manger? Enfin bref…

 

Peut-être que pour commencer, la base serait de servir du Beaujolais avec de vraies sélections dans les restaurants de Villefranche sur Saone et alentours? Qu’on arrête de nous servir des beaujo dans ces putins de verres ballons ou ces saloperies de verres à moutarde. Qu’on puisse nous servir un Beaujolais à la bonne température dans un verre Spieglau (ou Inao, le minimum syndical), qu’il y ait aussi quelques anciens millésimes dispo pour surprendre le client, que les mecs affichent fièrement notre terroir … parce que je ne pense pas être le seul à tirer la langue, à perdre du temps et user de la salive pour expliquer que le Beaujolais n’est pas que le Beaujolais nouveau…

Tu vois moi je veux être libre, mais si je vois que les billets rentrent pas et qu’en plus il faut presque mettre un gun sur la tempe du mec pour qu’il veuille bien goûter.. Je ne vais pas me crucifier sur mes terres.

J’aurais pu écrire: « On ne s’est pas voué à la bonne divinité ma chère Eugénie ».

Je compare l’image (la photo, tu suis un peu??) au vin… et à la boxe thaïlandaise.

L’humilité est le maître mot! Sinon on est vite déçu.

 

Le temps passe vite, profitons des beaux moments, des belles bouteilles, de la famille, des potos…. Essayons de continuer à se surprendre, à se pardonner, à ne pas être trop repu car quand on possède trop, on prend moins de risques. Dites « Je t’aime » à vos proches, personne vous verra et ça arrache pas la langue.

 

Dernière recommandation pour tous les vignerons ou futurs vignerons, quand la presse ou des clients vous demanderont:

« Alors cette année il sent la banane? »

Répondez:

« Et ta mère elle sent la banane? »

Phrase non testée sur les animaux mais efficace sur les emmerdeurs en dégustation.

Voilà tout ce que je pense de ma photo.

 

Merci à ceux qui auront lu jusqu’au bout.

 

LOVE